Évaluation de systèmes capteurs pour la surveillance du H2S produit lors de la décomposition d’algues

Dans le cadre des actions menées par le groupe de travail LCSQA chargé de définir la stratégie de surveillance du sulfure d’hydrogène (H2S) et de l’ammoniac (NH3) sur les territoires impactés par les échouements massifs d’algues vertes ou brunes, l’IMT Nord Europe procède actuellement à des essais d’évaluation en laboratoire des performances métrologiques de 6 systèmes capteurs H2S.

 

Depuis de nombreuses années, les départements français de la Caraïbe (îles des Antilles, Guyane) ainsi que les côtes de la Manche et de l’Atlantique (Bretagne, Normandie, Loire Atlantique, Vendée, Aquitaine) sont confrontés à des vagues successives et parfois massives d’échouement d’algues brunes ou vertes.

Si les algues ne sont pas ramassées dans les 24 à 72 h, leur dégradation anaérobie provoque l’émanation de composés gazeux potentiellement odorants et toxiques. Parmi eux, le plus problématique à l’heure actuelle reste le sulfure d’hydrogène (H2S). Composé à l’odeur caractéristique « d’œuf pourri » à faible concentration, il présente des effets délétères pour la santé humaine à plus fortes concentrations. Pour assurer la surveillance des émanations de H2S et de NH3, Madininair (en 2015), Gwad’Air (en 2018) et Air Breizh (en 2020) ont déployé, à proximité des zones d’échouement, des réseaux de systèmes capteurs électrochimiques autonomes (alimentation solaire et transfert des données à distance).

En 2022, les travaux conduits dans le cadre du LCSQA ont permis de développer et de valider un protocole d’évaluation des performances métrologiques de systèmes capteurs destinés à la mesure de polluants gazeux non-réglementés. Ce protocole s’appuie notamment sur la spécification technique XP CEN/TS 17660-1 (2022)1 et sur les protocoles développés en 20162 et 20173. Il prévoit des essais destinés à déterminer la linéarité, la sensibilité, la répétabilité, la dérive et l’effet mémoire ainsi que les effets de différents facteurs d’influence comme l’humidité relative, la température ou encore l’effet des interférents chimiques comme les composés soufrés réduits.

En collaboration avec Madininair, Observatoire de Surveillance de la Qualité de l’Air en Martinique, 6 systèmes capteurs d’intérêt pour la mesure du H2S, ont été sélectionnés. Ils proviennent des fournisseurs suivants : ENVEA (France), ELLONA (France), ECOMESURE (France), ZAACK (France) et MAGNASCI (Roumanie).

Deux réplicas identiques de chacun des systèmes capteurs sont en cours d’évaluation à des teneurs comprises entre 10 ppb et 10 ppm d’H2S Le dispositif permet une exposition simultanée des capteurs à un mélange gazeux dans une chambre d’exposition en acier inoxydable revêtue par du SilcoNert ® 2000, utilisé pour limiter les interactions des gaz avec les parois.

Les résultats seront discutés au sein du Groupe de Travail national « Surveillance du H2S et du NH3 en lien avec la problématique algues », créé fin 2021 et qui réunit des représentants de cinq AASQA (Madiniair, Air Breizh, Gwad’Air, Air Pays de Loire et Atmo Normandie), d’Atmo France, des trois organismes formant le LCSQA et du Bureau de la Qualité de l’Air. Ils viendront alimenter les réflexions en cours sur la définition des modalités de surveillance à adopter sur les territoires impactés par les échouements.

Schéma de principe du dispositif expérimental utilisé pour l’évaluation des performances métrologiques de systèmes capteurs de polluants gazeux non réglementés
Schéma de principe du dispositif expérimental utilisé pour l’évaluation des performances métrologiques de systèmes capteurs de polluants gazeux non réglementés
   
) Chambre d’exposition en SilcoNert® 2000
Chambre d’exposition en SilcoNert® 2000, d’un volume de 36 litres, utilisée pour l’évaluation des performances métrologiques de systèmes capteurs de polluants gazeux non réglementés – Crédit photo : IMT Nord Europe
 
 
Contacts : Sabine Crunaire sabine.crunaire@imt-nord-europe.fr 03 27 71 26 01 et Hichem Bouzidi hichem.bouzidi@imt-nord-europe.fr