Bilan des mesures et perspectives pour la surveillance du mercure dans l'air ambiant en France au titre de la Directive Européenne

Type de documents
Rapport d’étude
Référentiel technique national
Non
Année programme
2010
Auteurs
F. Marlière
Nom de l'organisme
INERIS


D’une manière générale, il est admis que les émissions anthropogéniques représentent entre 50 et 70 % du mercure total émis dans l’atmosphère1

En 2009, toutes sources confondues, les émissions atmosphériques de mercure s’élèvent en France à 3,9 t avec pour principaux contributeurs les activités industrielles suivantes.

2

1 - Chimie 24 % :

2 - Minéraux non métalliques, matériaux de construction 16 %

3 - Autres secteurs de la transformation d’énergie 15 %

4 - Traitement des déchets 14 %

5 - Métallurgie des métaux ferreux 5,5 %

Les niveaux de concentrations3

2 - 10 ng/m3 en milieu rural.du mercure gazeux généralement observés au niveau mondial sont :

10 - 20 ng/m3 en milieu urbain.

>20 ng/m3 et jusqu’à plusieurs centaines de ng/m3 pour les sites industriels.

On notera que l’INERIS a retenu et pris en compte la valeur toxicologique de référence du mercure élémentaire de 30 ng/m3 pour l’évaluation du risque sanitaire par inhalation4

Les campagnes effectuées par le LCSQA/INERIS et les AASQA entre 1999 et 2009 ont pour la plupart mis en évidence l’impact des sites d’exploitation sources d’émission de mercure sur le niveau de pollution atmosphérique et d’exposition des populations. Pour les sites les plus contaminés, elles ont permis d’engager de nouvelles campagnes de confirmation ou d’approfondissement des observations effectuées. .

Il en ressort que :

• Les niveaux de fond nationaux sont similaires aux valeurs observées en Europe.

• La moyenne des concentrations par campagne est comprise pour la plupart d’entre elles entre 1 et 5 ng/m3 (sauf sites chloriers).

• Dans certains cas, on note la présence de pics ponctuels voire multiples (industries du chlore, fonderies) qui peuvent conduire au dépassement de la VTR du mercure élémentaire sur la durée de la campagne de mesures.

1 source Evaluation mondiale du mercure PNUE 2002

2 extraits du rapport CITEPA 2010 - Emissions dans l’air en France - Substances relatives à la contamination par les métaux lourds, et INERIS - Portail Substances Chimiques – Fiche Mercure

3 Ambient air pollution by mercury – Position Paper de 2001

4 Valeur Toxicologique de Référence pour une exposition vie entière hors population à risque – sources OEHHA 2008, et INERIS - Portail Substances Chimiques – Fiche Mercure


On aura noté que les informations disponibles dans IREP se limitent aux

installations émettrices dépassant le seuil réglementaire d’émission de 10 kg/an,

et ne constituent pas un unique moyen pour identifier les sources au niveau

national. Le comportement anormal d’un analyseur d’ozone par rapport à d’autres

instruments de même type soumis au même contexte de mesure peut constituer

un indice sur la proximité d’une source.

Les études engagées ont enfin permis d’identifier l’activité de démantèlement d’un

site chlorier comme source potentielle. Il conviendra à l’avenir d’intégrer cette

information dans la perspective de la mutation technologique prochaine des sites
chloriers vers le procédé à membrane.
L’ensemble de ces éléments de réflexion, associés aux exigences de la
4ème Directive-fille et des normes EN 15852 et EN 15853, nous conduisent aux
recommandations ci-dessous :

• La surveillance du mercure doit mettre en oeuvre un système de mesure
automatique fonctionnant sur le principe de la CVAFS, de la CVAAS ou de
l’AAS Zeeman (norme EN 15852).

• L’article 9 de la 4ème Directive-fille demande l’implantation d’une station de

fond pour 100 000 km2. Dans ces conditions, la surveillance serait à mettre

en place sur les 6 plateformes rurales de fond nationales.

• Les autres typologies de site, industrielle notamment, ne font pas l’objet de
recommandations dans la Directive si ce n’est dans l’annexe III traitant de

la macro-implantation. Au regard des conclusions des multiples campagnes

de mesures réalisées sur le territoire français, il apparaît nécessaire
d’étendre le dispositif de surveillance aux sites urbains et aux sites de
proximité industrielle. Il est donc proposé dans un premier temps de
procéder à des campagnes de mesures préliminaires au voisinage de

sources industrielles. Pour ce faire, les éléments d’informations regroupés
dans les bases de données IREP et BDREP sont à intégrer dans le
processus d’identification et de sélection des sources à investiguer en
terme de contribution à la pollution atmosphérique et donc à l’exposition

des populations. On rappellera que la plupart des sources ayant conduit à

des concentrations élevées en mercure sont d’origine diffuse. La
connaissance des DREAL et des AASQA de la couverture industrielle
régionale constitue également un élément déterminant dans l’identification

des sources potentielles.

• La surveillance de ces sites est à réaliser durant 2 mois par an répartis sur

des périodes représentatives du fonctionnement et du profil d’émission de
l’exploitation visée. On optera pour un suivi en 2 campagnes, l’une d’été
l’autre d’hiver afin d’intégrer les variations et tendances saisonnières.


• Compte-tenu de la valeur toxicologique de référence de 30 ng/m3 pour
l’exposition « vie entière » des populations, il conviendra de reconduire la

surveillance des sites concernés lorsque la concentration moyenne calculée
lors des campagnes préliminaires dépassera ce seuil. Le cas échéant, cette

surveillance pourra être étendue au-delà de 2 mois/an afin d’affiner
l’estimation du niveau d’exposition de la population. Le cas échéant,
lorsque des actions correctives seront demandées par les DREAL, ces
campagnes complémentaires permettront d’apprécier l’influence de
l’application des MTD dans les exploitations concernées sur le niveau
d’exposition des populations.

• Il est recommandé de coupler la surveillance du mercure dans les dépôts à
celle du mercure gazeux, la durée totale des campagnes devant être de 4
mois par an minimum, découpés en périodes de 1 à 4 semaines. En
pratique, elle demande un échantillonnage doublé voire triplé afin d’écarter

les valeurs aberrantes obtenues lors de la contamination d’un échantillon,

et la mise en oeuvre de collecteurs dédiés au mercure ou fonctionnant en
décalé par rapport aux autres métaux. Cette surveillance est à mettre en

place sur les 6 sites de mesures rurales nationales, puis lors des
campagnes préliminaires dans le cas des autres types de sites.

Documents